Liuto forte – le luth du XXIe siècle

Le Liuto forte est le résultat d’efforts visant à réunir les points forts du luth historique (clarté et noblesse) et de la guitare espagnole (richesse des couleurs et chaleur) en un instrument résolument orienté vers l’avenir, ouvrant aux guitaristes comme aux luthistes de nouvelles possibilités. Le Liuto forte possède, d’autre part, des qualités sonores qui lui sont propres et que l’on ne retrouve sur aucun autre instrument à cordes pincées ; elles font de cet instrument une création aussi nouvelle qu’unique.

Dans sa capacité de s’imposer en musique de chambre et en accompagnement du chant, le Liuto forte surpasse de loin non seulement le luth historique mais aussi la guitare espagnole. Il présente de nombreuses innovations ainsi que diverses améliorations dans sa construction. Un son qui porte loin dans les grandes salles et une résonance puissante constituent ses principales caractéristiques. Toutes deux reposent en grande partie sur l’art secret de l’appariement des bois à son apogée dans la facture du luth et du violon, un art qu’a réussi à déchiffrer Benno Streu.

Lorsque l’on a pour la première fois un Liuto forte entre les mains, l’interprète est d’abord frappé par son poids réduit puis, surtout, par sa réponse facile. Avec cet instrument, il est en effet possible d’atteindre avec peu d’efforts des volumes sonores qui nécessiteraient beaucoup plus d’énergie sur la guitare et qui sont totalement hors d’atteinte avec un luth. En outre, avec une guitare et un luth historique, on a l’impression qu’après l’attaque, le son reste dans un premier temps à l’intérieur de l’instrument. Avec le Liuto forte, en revanche, c’est comme s’il n’y avait plus rien qui séparait l’air à l’intérieur du corps de l’air à l’extérieur. L’instrument libère immédiatement le son qui dispose d’une très grande clarté dans tous les registres et d’une bonne tenue.

Parce qu’ils sont d’un maniement aisé et équipés de cordes de tension moyenne, tous les modèles de Liuto forte sont aussi bien accessibles aux guitaristes qu’aux luthistes. Ils ne les mettent pas face au choix d’abandonner définitivement leur instrument au profit d’un autre ou de faire un choix arrêté et décisif entre un jeu avec la pulpe et un jeu avec les ongles.

En outre, le Liuto forte représente quelque chose de complètement original, comme le fut le violoncelle par rapport à la viole de gambe. Ses possibilités considérables, notamment dans le domaine de la musique de chambre, commencent à peine à être découvertes. Nous ne doutons pas un instant que, à moyen terme, la convergence entre les richesses passées de la guitare et du luth, possible grâce à cet instrument, ne soit un atout pour l’ensemble du monde des cordes pincées.